Reg'Art Déchiré

15 Décembre 2023

80 x 80 cm, Épaisseur 1,80 cm

Peinture au son de : Parov Stelar

 

Inspiration de base, une toile de John Beckley qui m'a raconté une histoire.

On continue de peindre, à la recherche de nouveaux jeux de couleurs et de nouveaux effets. On va pousser toujours plus loin le détail pour composer une toile qui de prime abord semble simple mais qui est en réalité très poussée dans la complexité.

Reg'Art Déchiré est passée devant toutes les autres en termes de temps de travail, mais aussi en nombre de retouches. J'ai compté pas moins de 127 étapes dans la conception de cette œuvre ce qui ne représente pas rien.

Ce mélange d'art abstrait (avec une très grosse partie de travail au pinceaux et couteaux) et de Street'Art (avec l'utilisation de calques et bombes aérosols) est une explosion de couleurs vives que j'ai souhaitée dans une philosophie similaire aux précédentes, avec cette volonté d'éclairer une pièce et de coloré un quotidien.

La gamme chromatique balance, une nouvelle fois, du noir intense au blanc froid, et contraste avec ce panel de couleurs fluorescentes pour certaines (Jaune, rose, orange), et métalliques pour d'autres (Or, Cuivre). Je garde cette signature du cadre en gris graphite qui se retrouve sur l'intégralité de mes 14 dernières peintures et ai fait le choix d'appliquer une couche de verni brillant en plus, ce qui lui procure un effet vitrifié et donc une plus grande luminosité.

 

De quoi parle Reg'Art Déchiré ? C'est à la fois un jeu de mot sur le regard que les gens portent à l'art (quel qu'il soit) avec toute les émotions positives que cela procure en nous, et à la fois, ce titre fait paraître un terme assez négatif qu'est la déchirure, puisque ce monde de l'art ne trouve plus priorité dans l'épanouissement culturel de notre monde.

Reg'Art est en réalité une synthèse des discussions que je peux tenir avec beaucoup de monde, depuis plusieurs mois, sur la place de l'art dans la vie de tout un chacun.

Il semblerait (et j'utilise le conditionnel présent) que l'art s'efface avec les années et que l'intérêt que beaucoup lui portait diminue avec le temps. Les passionnés restent, les connaisseurs aussi. Les amateurs désertent et les aventuriers qui s'y adonnent baissent bien rapidement les bras.

Car oui, l'art avant de parler aux autres, nous parle à nous même, et cette faculté que l'on a aujourd'hui à ne plus comprendre l'autre (c'est un oxymore) rend la lecture d'une image, d'une émotion difficilement perceptible. Les sens s'émoussent et le détail ne brille plus. Cela semble se constater dans la peinture, mais aussi dans le théâtre, dans la musique, dans la lecture…

Les phénomènes de société que l'on connait depuis deux décennies avec le monde numérique et le monde des réseaux, permet à tous d'accéder plus facilement, plus rapidement, sans réfléchir, souvent à coût misérable à ces nouveaux plaisirs... Oui, mais à quel prix ! Aussi lire un livre semble devenir inutile, car trop long. Aller voir une pièce de théâtre semble devenir has been face aux blockbusters du moment. Apprécier l'album d'un groupe semble impossible car seul la musique n°1 du CD est passée sur les ondes. Et apprécier une composition photographique n'a aucun intérêt pour celui qui n'a pas pris la photo. C'est très cliché, et pourtant qui ne le constate pas !?

Cette déchirure du regard sur l'art n'est de loin pas bénéfique, puisqu’elle ne permet plus de décrypter, d'analyser, de synthétiser, de valoriser et donc d'apprécier. Ce spectre des sens soigneusement orchestré par notre curiosité, pour trouver réponse et épanouissement, se restreint et crée des maux qui touchent de plus en plus notre monde : la lassitude, la futilité et la connerie.

(Et je me mets en première ligne, puisqu’entre 2018 et 2022, j'ai moi-même abandonné tous ces plaisirs que procurent les arts (livres, théâtres, concerts, exposition, et j'en passe) pour me réveiller un 3 janvier 2023 las, abruti et surement un peu con ! La somme d'un laissé aller, sans nul doute guider par une envie de facilité.

Reg'Art Déchiré est un étal de couleurs, de formes, d'effets, de composition, de scénario, d'émotion, de sons, de paysages... déchiré comme sur ma toile, pour ne faire apparaître que du blanc sur du noir !

De mes enfants est venue la peinture,

de la peinture sont venues les expositions,

des expositions est revenue la curiosité,

de la curiosité est venue l'envie de réaliser des nouvelles choses,

de ces choses est née l'envie.

L’envie d'écrire, de peindre, d'aller au théâtre, d'apprécier des concerts, de revoir des amis chers, de racheter des livres, de reprendre le sport (Ohhhh Ohhh... doucement !!! doucement on a dit !!! Il ne faudrait pas se blesser non plus !).

Bref, sur cette touche d'humour, je vous souhaite un bon bouquin, un bon tricot, un bon dessin, une belle photo, un bon petit plat cuisiné maison et surtout un bon moment en famille et/ou entre amis. Ou plus simplement, je vous souhaite de la couleur !

 

Petite dédicace à Madame qui est une vraie couleur quand la lumière se tamise !

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