Gotthard en Automne

18 Février 2024

100 x 81 cm, Épaisseur 1,80 cm

Peinture au son de : Gotthard

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Cette peinture n'est pas celle qui m'a demandé le plus de temps, mais celle qui a vu défiler le plus de mois. Un acheteur m’a fait une demande précise : "Nous souhaitons quelques choses de similaire à ta toile : Lumière émergeante d'un Sombre Désordre. Avec ce côté complètement déstructuré, presque fou, et quelque chose qui pète en couleur, mais en gardant de la sobriété. Quelque chose d'un peu rock".

Alors oui... sur le papier, la création de "Lumière émergeante d'un Sombre Désordre" ne représentait de loin pas une grosse difficulté, puisque j'ai appliqué les coups de spalters et de pinceaux sans vraiment chercher à comprendre, juste en écoutant cette graine de folie avec ce qui me restait de peinture par-ci, par-là. Reproduire une graine de folie, guidée par de l'aléatoire, c'est très compliqué et je suis tombé sur bien des soucis. Les écrivains ont ce qu'on appelle le syndrome de la page blanche, je peux vous affirmer qu'en peinture, ce prodrome des idées n'a rien à envier à son confrère littéraire.

Pour commencer, je n'ai pas fait de fond, comme à mon habitude. Mauvaise idée, puisque cette immense toile a très vite semblé très blanche. Cette bande noire galopante n'a pas été suffisamment élargie, et je suis resté pour le coup complètement bloqué sur la suite à donner à ce projet. Comment remplir du blanc physique, avec du blanc dans ma tête. De temps en temps, une inspiration venait et je la déposais sur le maillage en coton. Puis de nouveau, le flou artistique. Fur et à mesure que le vide se remplissait, les idées revenaient.

Il m'aura donc fallu pas loin de 3 mois pour combler mon esprit de couleurs, et 2 semaines pour colorer ce qu'il restait à combler. Le résultat est plutôt sympa. Différent certes et possiblement il ne plaira pas à tout le monde, car réellement, c'est très déstructuré. Mais il plait à ceux qui me l'ont demandé et c'est tout ce qui comptait pour moi.

Avant de parler de la toile en elle-même, je vais parler de Rock. Quand on me demande de faire du Rock fou sur un châssis, je me plonge dans mes souvenirs et je remonte jusqu'à la source. Comment représenter du Rock, qu'est-ce que le Rock pour moi et qu'est-ce que le Rock pour la personne qui m'a commandé la toile ?

Ces trois questions ont toutes le même point de convergence, et il remonte aux débuts des années 90. Autour de moi, on écoute Scorpion, Red Hot Chili Peppers, Pink Floyd, et surtout Gotthard. Nous sommes en Suisse. Gotthard est un groupe Suisse et une fierté pour tous les amoureux suisses de la gratte électrique. C'est également ce groupe que je verrai pour la première fois en concert au casino de Montreux. Je branche donc la radio, coupe les basses pour ne pas décoiffer le voisinage, et me laisse glisser dans les aigus de Steve Lee (R.I.P.).

Puis je regarde mon ancienne toile et me rend compte que cette zone noire en fond de couche est comme un passage d'un lieu vers un autre. Cette idée me parle ! Je vais peintre mon interprétation abstraite du Col du Gotthard et de son tunnel qui relie Göschenen à Airolo. Avec la mise en couleur des Cantons d'Uri et du Tessin.

La pièce de vie où cette peinture trouvera place oscille entre le noir, le beige, et l'orange. Dans ma vision, nous sommes en Automne et c'est ce qui dictera mon choix de couleur. J'utiliserai de la couleur cuivrée, de la couleur dorée par parcimonie et le Laiton, pour ce côté industrielle et électrique. Je peux enfin commencer à peindre.

Mais les idées du moment ne collent pas toujours avec le lâcher-prise qui s'était désordonné sur mon ancienne peinture. Il faudra donc certaines fois, que j'outrepasse la réflexion et que j'écoute mon syndrome de la page blanche pour étaler du Rock sur cette charpente entoilée. 4 mois, c'est le temps qu'il me faudra pour écouter les écarts de folie qui résonnent en moi. Difficile pour quelqu'un de très mesuré et raisonné.

J'espère que cette toile déséquilibrée et un peu démente trouvera tout de même une petite place dans votre appréciation positive de ce que je fais de plus commun, de plus ordinaire.